le premier pas de la terreur

Jules Michelet

Marat vécut aisé, au jour le jour toutefois, au hasard d’une vie errante. Sa toilette bizarre exprimait son excentricité ; sale habituellement, il avait parfois des recherches subites, un luxe partiel et des velléités galantes : un gilet de satin blanc, par exemple, avec un collet gras et une chemise sale. Il vit toujours le monde (…) de sa cave par un soupirail, livide et sombre, comme ces murs humides, comme sa face, à lui, qui semblait en prendre les teintes.
Dans son projet de Constitution, Marat dit en propres termes, en parlant des droits de l’homme : « Quand un homme manque de tout, il a le droit d’arracher à un autre le superflu dont il regorge ; que dis-je ? Il a le droit de lui arracher le nécessaire, et, plutôt que de périr de faim, il a le droit de l’égorger et de dévorer sa chair palpitante. »
Dans son livre sur l’Homme, publié en 1775, il avait déjà dit : « La pitié est un sentiment factice, acquis dans la société… N’entretenez jamais l’homme d’idées de bonté, de douceur, de bienfaisance, et il méconnaîtra toute sa vie jusqu’au nom de pitié… »

L’Histoire de la Révolution française (parue en sept volumes de 1847 à 1853) de Michelet, s’étend d’avril 1789 (réunion des États Généraux), à juillet 1794 (mort de Robespierre). Sont ici publiés les chapitres huit et neuf du livre IV, intitulés Le premier pas de la terreur.

Lire un extrait

12×16 cm – 80 pages

8,00