Marcel, premier dialogue de la cité harmonieuse

Charles Péguy
Préface de Roger Dadoun

A l’issue d’un entretien avec son ami Marcel Baudouin, «à Orléans, le dimanche 7 juin 1896», Péguy jette les bases de la construction utopique qui deviendra un an plus tard, après la mort brutale de son ami, l’ouvrage intitulé Marcel premier dialogue de la cité harmonieuse. C’est une des œuvres les plus étonnantes de toute la littérature utopique, et l’une des plus insolites de Péguy. Ce n’est pas un «dialogue» – mais une succession de courts paragraphes, séparés par des blancs qui semblent être mis là pour marquer l’absence du grand ami disparu ; et ce «premier» sera le dernier, puisque Péguy ne donnera aucune suite. Dans cette œuvre d’une extrême simplicité – presque toutes les phrases sont construites avec les seuls verbes «être» et «avoir» – Péguy procède par négations, inhabituelles sur le registre utopique: si l’on comprend qu’il faille éliminer rivalités, haines, jalousies, mensonges et guerres, il est surprenant de voir que la cité de Péguy ne se veut ni charitable ni juste, et qu’elle rejette égalité, mérite, émulation, renommée, gloire. Le principe de base est l’harmonie, mais toute relative: la cité du Marcel ne sera pas «toute harmonieuse», mais seulement «la mieux harmonieuse» possible.

15×24 cm – 96 pages

16,20