L’épicier – Le notaire

Balzac

«À mes yeux, l’épicier, dont l’omnipotence ne date que d’un siècle, est une des plus belles expressions de la société moderne. N’est-il donc pas un être aussi sublime de résignation que remarquable par son utilité; une source constante de douceur, de lumière, de denrées bienfaisantes? Enfin n’est-il plus le ministre de l’Afrique, le chargé d’affaires des Indes et de l’Amérique? Certes, l’épicier est tout cela; mais ce qui met le comble à ses perfections, il est tout cela sans s’en douter…»

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«Vous voyez un homme gros et court, bien portant, vêtu de noir, sûr de lui, presque toujours empesé, doctoral, important surtout! Son masque bouffi d’une niaiserie papelarde qui d’abord jouée, a fini par rentrer sous l’épiderme, offre l’immobilité du diplomate, mais sans la finesse, et vous allez savoir pourquoi. Vous admirez surtout un certain crâne couleur beurre frais qui accuse de longs travaux, de l’ennui, des débats intérieurs, les orages de la jeunesse et l’absence de toute passion. Vous dites: Ce monsieur ressemble extraordinairement à un notaire.»

Nouvelles extraites des tomes I (L’épicier) et II (Le Notaire) des Français peints par eux-mêmes, encyclopédie morale du XIXe siècle en dix volumes, L. Curmer, 1840-1842.

12×16 cm – 62 pages

5,10