Le Platine en françois

Bartolomeo Sacchi, dit Platine
Préface de Jean-Louis Flandrin et Silvano Serventi

Imprimé à Paris en 1505, le Platine en françois est la version française du De honesta voluptate et valetudine de Bartolomeo Sacchi, dit Platine, traité de cuisine et de diététique qui était paru à Rome vers 1474. Œuvre d’un lettré humaniste dont l’esprit libre et le zèle épicurien le conduisirent par deux fois en prison, ce livre connut un retentissement inhabituel au sein de la communauté intellectuelle européenne, peu portée à s’intéresser à une matière aussi triviale. La raison de ce succès tient d’abord à la philosophie de la vie revendiquée par l’auteur dans le titre et qui préside à la conception de l’ouvrage, étique proprement révolutionnaire en regard de la morale du temps car elle légitimise la recherche du plaisir de manger dès lors qu’elle intervient dans le cadre d’une discipline diététique raisonnée et raisonnable, propre à préserver la bonne santé. Mêlant enseignements diététiques et pratiques de la cuisine, description des produits et recettes, identification des propriétés des aliments et réflexions gastronomiques, Platine propose une somme inédite et longtemps inégalée, sur les arts de la table et la culture alimentaire de son temps.
C’est donc une œuvre monumentale et déjà largement commentée, sinon célébrée qu’un éditeur lyonnais (?) décide de mettre à la disposition d’un plus large public français en lançant une édition en langue vernaculaire. L’adaptation est assurée par un certain Desdier Christol de Montpellier qui, loin de se borner à la traduction du texte original, ajoute ses propres commentaires et complète ceux de Platine jugés insatisfaisants, augmentant ainsi la version française d’une bonne moitié par rapport à l’original latin. Imprimée dans un grand format in-folio, en élégants caractères gothiques et agrémentée de très belles lettrines, l’édition française connut un succès immédiat. Périodiquement rééditée tout au long du xvie siècle le traité de Platine se révéla être le plus redoutable concurrent du Viandier de Taillevent.
C’est cette œuvre classique de la littérature gastronomique européenne, redécouverte après des siècles de sommeil par Jean-Louis Flandrin, que les éditions Manucius rééditent aujourd’hui. Jean-Louis Flandrin qui signa de nombreuses chroniques du pseudonyme ‘Platine’, devait initialement signer la préface de la nouvelle édition. Mais une longue maladie l’empêcha de porter à terme ce projet qui lui tenait beaucoup à cœur, et c’est Silvano Serventi qui a achevé le travail initié en essayant de rester fidèle à l’esprit de ce grand historien prématurément disparu.
Précisons également que la version proposée est pour la première fois accompagnée d’une transcription en caractères modernes qui permettra au lecteur contemporain de mieux appréhender le texte original.

19×28 cm – 458 pages

57,80