L’argot des voleurs

Eugène-François Vidocq

«Il n’est pas de langue plus énergique, plus colorée que celle de ce monde souterrain qui, depuis l’origine des empires à capitale, s’agite dans les caves, dans le troisième-dessous des sociétés.
Chaque mot de ce langage est une image brutale, ingénieuse ou terrible. Une culotte est une montante. En argot on ne dort pas, on pionce. Remarquez avec quelle énergie ce verne exprime le sommeil particulier, la bête traquée, fatiguée, défiante, appelée Voleur.
Tout est farouche dans cet idiome. Les syllabes qui commencent ou qui finissent, les mots sont âpres et étonnent singulièrement. Une femme est une largue. Et quelle poésie! La paille est la plume de Beauce. Le mot minuit est rendu par cette périphrase: douze plombes crossent! Çà ne donne-t-il pas le frisson?
L’argot va toujours, d’ailleurs! Il suit la civilisation, il la talonne, il s’enrichit d’expressions nouvelles à chaque nouvelle invention. Les novateurs modernes écrivent des théories pâteuses, filandreuses et nébuleuses, ou des romans philanthropiques; mais le voleur pratique! il est clair comme un fait, il est logique comme un coup-de-poing.
Et quel style!…» Balzac

12×16 cm – 76 pages

10,20