Discours et éloges. L’académie française au grand siècle

Bossuet, Fénelon, Racine, Boileau, La Bruyère, la Fontaine, Perrault, Corneille, Fontenelle

«Messieurs, l’éloquence est morte, toutes ses couleurs s’effacent, toutes ses grâces s’évanouissent, si l’on ne s’applique avec soin à fixer en quelque sorte les langues, et à les rendre durables. Car comment peut-on confier des actions immortelles à des langues toujours incertaines et toujours changeantes; et la nôtre en particulier pouvait-elle promettre l’immortalité, elle dont nous voyons tous les jours passer les beautés, et qui devenait barbare à la France même? Quoi donc? la langue française ne devait-elle jamais espérer de produire des écrits qui pussent plaire à nos descendants; et pour méditer des ouvrages immortels, fallait-il toujours emprunter le langage de Rome et d’Athènes? Qui ne voit qu’il fallait plutôt pour la gloire de la nation former la langue française, afin qu’on vît prendre à nos discours un tour plus libre et plus vif, dans une phrase qui nous fût plus naturelle, et qu’affranchis de la sujétion d’être toujours de faibles copies, nous puissions enfin aspirer à la gloire et à la beauté des originaux. Vous avez été choisis, Messieurs, pour ce beau dessein.»

12x16cm – 120 pages

10,00