Albert Camus – L’exil absolu

Jean-Jacques Gonzales

L’œuvre d’Albert Camus a été enfermée dans un carcan interprétatif qui la sépare de ses origines profondes : Camus, écrivain français, écrivain algérien, prix Nobel, porte parole d’une certaine conscience morale, Camus penseur de l’absurde, Camus partisan de l’Algérie française, Camus « philosophe pour classes terminales », et plus récemment Camus écriture-symptôme de l’inconscient colonial, etc. Il s’agira de montrer, a contrario, que l’œuvre de Camus est entièrement traversée par la confrontation à un défaut d’origine, véritable matrice d’écriture, caractérisant sa « position algérienne », et par la tentative sans cesse recommencée d’écrire cette origine absente. Tentative qui trouve son achèvement dans la rédaction interrompue du Premier Homme, ultime entreprise d’écrire le mythe fondateur de ce peuple sans origine et sans destin : les Européens d’Algérie.
Cette position algérienne d’exil absolu, loin de tout enracinement, de toute allégeance à une quelconque faction/fiction identitaire, donnera à Camus une liberté souveraine et une vision intempestive à nulle autre pareille qui le fera s’opposer violemment à ses contemporains engagés dans les leurres de l’époque.
L’objet de ce livre est d’exposer comment cette position algérienne a déterminé une position politique, philosophique, esthétique et littéraire qui, plus de quarante après, montre encore toute son acuité et sa puissance critique à l’égard des temps révolus comme des temps actuels. Comment aussi cette position, historiquement déterminée, s’est trouvée être la réplique exacte d’une position fondamentale d’écriture.

15×24 cm – 208 pages

18,20