Dialogue du Chapon et de la Poularde

Voltaire
Postface Baldine Saint Girons

Cher convive, approchons-nous et ayons l’ouïe fine… Guidés par Voltaire, peut-être entendrons-nous la voix des animaux: Une poularde et un chapon se plaignent de leur sort cruel. Privés de leurs plus précieux attributs, les volailles emprisonnées et gavées vivent leurs derniers instants avant d’être dévorées pour le repas de Noël. Ce dialogue d’un humour croquant et d’une ironie mordante rend à l’animal une sensibilité, présente ses souffrances et les sévices que la gourmandise lui inflige. La bête questionne en somme la cruauté de l’homme, elle lui rappelle son propre statut et sa propre fragilité.
Voltaire donne ici la parole aux animaux, à des proies dont les minutes sont comptées et qui vont exprimer leur souffrance en dénonçant toute l’injustice et l’hypocrisie de la société humaine. Le philosophe pousse le principe des Lettres persanes de Montesquieu en présentant comme point de vue étranger celui des animaux sur les us et coutumes des hommes. Les volailles questionnent toutes les règles contradictoires de sociétés et de religions qui autorisent ou interdisent arbitrairement de manger telle viande en telle période ou sous telle forme, qui privent des hommes de leurs attributs pour les faire mieux chanter, qui s’entre-tuent avec les pratiques les plus cruelles, qui dévorent leurs proies et parfois leurs congénères, et surtout qui s’autorisent mille exceptions, qui inventent mille subterfuges et sophismes pour violer les règles qu’ils ont eux-mêmes inventées.
Le texte de Voltaire est un traité qui offre un pacte aux hommes pour vivre entre eux et avec leur environnement. Il constitue un véritable pendant au Traité sur la tolérance qui est contemporain et dans lequel Voltaire réhabilita Jean Calas (celui qui, pour une raison religieuse, avait été torturé et brûlé comme le serait une volaille).
Ce texte se lit avec le plaisir d’une fable dans la tradition de La Fontaine, où deux volatiles nous font la morale en dénonçant nos vices de gourmandise et de cruauté mais surtout d’inconstance dans nos principes et d’intolérance. Toutes les facettes et toute la richesse de ce dialogue en font un outil surprenant de compréhension du génie Voltairien.

12×16 cm – 56 pages

5,00