Ce livre est un tombeau à la mémoire d’un père, simple journalier et sacristain, qui mena une existence modeste et discrète dans un village du Morvan à la fin du XIXe siècle.
Avec une piété filiale aussi retenue qu’admirable, le fils devenu écrivain retrace les travaux et les jours d’un homme qui fut, à l’instar de bien d’autres, exclusivement guidé par les impératifs du Ciel et de la terre. Le récit décrit avec grande justesse une époque où les saisons, la nature et Dieu sont encore intriqués de manière immuable. C’est la France rurale des villages d’avant la grande guerre, où les jours s’écoulent au gré des saisons et où l’on s’accommode encore du peu. On travaille non pour s’enrichir mais pour subsister, on contemple les soirées d’été étoilées, on connaît sa place future au cimetière.
Le serviteur décrit un monde évanoui, englouti par la modernité et à ce titre il demeure un témoignage émouvant d’une époque devenue fantomatique mais encore présente au cœur de ceux qui scrutent la vie dans une mémoire au long cours.
Henri Bachelin, Le Serviteur, Prix Fémina 1918.